La transition énergétique est en route et elle est inéluctable. Toutefois, un cadre politique doit être rapidement mis en place afin de clarifier les choses et sécuriser les investissements. Ce cadre exclut d’ailleurs tout retour sur l’abandon du nucléaire. Telles sont les principales conclusions d’une table ronde qui s’est déroulée dans le cadre de la 4^e journée Smart Energy à Sion.

Il faut être ouvert au changement, tout en rendant la politique attentive aux contraintes physiques du réseau, qu’elle ne pourra pas changer, a précisé Paul Michellod, directeur de FMV. «La sécurité d’approvisionnement seconde par seconde incombe à la branche des électriciens». D’où l’importance d’avoir des conditions-cadres stables et claires.

A bout touchant au niveau fédéral
Les conditions-cadres sont en train d’être fixées, a rappelé le conseiller national Yannick Buttet. «Nous sommes à bout touchant au niveau de la stratégie fédérale, qui fixe un cadre clair pour la politique énergétique du pays. Une chose est sûre: il n’y aura pas de retour en arrière sur l’abandon du nucléaire». 

Reste que les énergies renouvelables, appelées à remplacer le nucléaire, arrivent sur le marché en étant largement subventionnées, alors que le nucléaire est toujours en place. FMV, dont le portefeuille de production est axé essentiellement sur l’hydraulique, se retrouve «coincé» au milieu, précise Paul Michellod. 

Il existe effectivement une suroffre en raison du maintien des centrales nucléaires actuelles, reconnaît le conseiller national Roger Nordmann (PS). «Il faut clarifier les choses, puisqu’investir dans l’énergie, c’est investir à long terme, pour 20 ans au minimum».

Transition énergétique par le bas
Un cadre doit donc être rapidement posé autour de la transition énergétique. «Mais ensuite, la transition ne se décidera pas par le haut, mais via un processus décentralisé». Les choses évoluent: le réseau du futur ne sera plus seulement une unité de transport et distribution, mais également de stockage et de sécurisation. «Le réseau devra jouer un rôle de banque centrale du domaine et d’intermédiaire honnête entre producteurs et consommateurs». Il devra également gérer les capacités de réserve. Pour cette raison, Roger Nordmann appelle à un réseau «public et fondamentalement neutre».

Pour Marc Vogel de Swissgrid, la décentralisation de la production est évidente. C’est déjà le cas en Allemagne et en Italie. En Suisse, on a un peu plus de temps, notamment grâce au pompage-tubinage qui est déjà en place. «La Suisse doit profiter de ce temps à disposition, et ne pas trouver de solutions à la hâte». Les installations pilotes sont précieuses pour acquérir des expériences et analyser les solutions technologiques.