L’intelligence artificielle, et les nouvelles technologies en général, ne sont pas encore très répandues dans l’enseignement en Valais. Mais il existe un grand potentiel, à tous les niveaux. A terme, ces technologies devraient débarrasser élèves et professeurs de certaines tâches rébarbatives de l’apprentissage, pour leur permettre de se concentrer sur d’autres éléments à plus forte valeur ajoutée. Reste que l’enseignant gardera un rôle clé, qui évoluera avec l’arrivée des technologies d’apprentissage. Ce sont quelques-uns des constats de la table ronde online organisée par UniDistance dans le cadre des Journées suisses du digital.

Plus de 30 personnes ont participé à cette séance d’échanges et de discussion, qui a été mise en place en ligne en raison de la situation sanitaire. Ce passage au numérique n’a pas empêché les débats et interactions entre les personnes présentes.

Parmi les questions soulevées figurait le rôle des technologies d’ici une vingtaine d’années. Selon beaucoup de participants présents, le rêve serait que ces nouvelles technologies nous débarrassent des tâches parasites pour se concentrer sur les éléments importants, et notamment les interactions humaines. Elles offriraient ainsi davantage de temps pour faire de l’autoapprentissage. Les enseignants se focaliseraient sur l’acquisition des compétences, plutôt que de celle des connaissances. Quoi qu’il arrive, la digitalisation amènera un nouveau rôle pour les enseignants, qui devront certainement se réinventer.

Mieux expliquer le fonctionnement des technologies
Les débats ont également mis en lumière des risques en lien avec la digitalisation de l’éducation. Le premier est la question de confiance dans la fiabilité des machines. Le fonctionnement des technologies n’est pas encore assez transparent actuellement. On gagnera la confiance de la population et des élèves en expliquant comment ces technologies fonctionnent. C’est l’un des rôles clés de l’enseignant dans ce contexte.

Les technologies permettront en outre de s’adresser à beaucoup plus de monde, mais le risque de standardisation accrue existe. Il y a donc, paradoxalement, une perte potentielle de personnalisation. Face à la digitalisation, il est également possible de craindre un manque de savoir. Là aussi, il faut éduquer la population en leur montrant le potentiel de ces technologies.

Enfin, les technologies pourraient reproduire, dans le sillage d’une éventuelle fracture numérique, les inégalités actuelles de la société. Le monde de l’enseignement, mais également celui de la politique, doivent faire en sorte que l’avancée technologique soit vraiment au service de toutes et tous.

Libérer du temps et mieux cibler les enseignements
Au-delà de ces risques, l’intelligence artificielle dans l’éducation regorge d’opportunités. L’intelligence artificielle facilitera la communication, le langage, mais également l’évaluation des savoirs. Elle devrait ainsi libérer du temps et des énergies pour mieux cibler les enseignements. Au final, grâce aux technologies, le système scolaire pourra être plus réactif aux besoins de chaque apprenant. Attention toutefois, en arrière-plan, à la protection des données. Certaines d’entre elles touchent à la sphère privée et peuvent remettre en cause une personnalisation « à outrance » de l’apprentissage.

Reste que ces systèmes d’apprentissage adaptatifs ne sont pas encore beaucoup utilisés en Suisse. Les enseignants aimeraient utiliser ces nouvelles possibilités, mais il est difficile de le faire individuellement chez les professeurs. Il faudrait développer des outils à un niveau supérieur.

Mais avant de mettre en œuvre ces technologies et nouvelles applications, l’école doit transmettre des compétences numériques. Elle prend toute sa raison d’être, notamment en armant les élèves (adultes et enfants) dans une société où le numérique gagne en importance.

Propos recueillis le 3 novembre lors de la table de discussion online organisée par UniDistance, dans le cadre des Journées suisses du digital