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BLOG D’INFOS DU VALAIS TECHNOLOGIQUE, INDUSTRIEL ET INNOVANT

07.04.2011

Le Valais doit-il redevenir propriétaire de ses barrages ?

Barrage_ValaisLe Valais doit redevenir propriétaire, au moins en partie, des installations hydroélectriques situées sur son territoire. C’est le constat dressé par plusieurs interlocuteurs - dont le conseiller d’Etat Jean-Michel Cina - lors d’un débat organisé mercredi soir à Conthey par la Fédération des banques Raiffeisen du Valais romand. Le député Narcisse Seppey prône pour sa part pour le renouvellement en l’état des concessions et la constitution, grâce à l’argent récolté, d’un fonds souverain. A l’heure actuelle, une seule chose est sûre dans ce dossier: il fait toujours autant débat et cela devrait perdurer encore de nombreux mois !

Pas moins de 95 communes valaisannes – sur 141 – sont concernées par le retour des concessions. Si ces dernières sont renouvelées en l’état, entre 15 et 20 milliards de francs sont en jeu d’ici à 2040. « L’électricité va prendre des parts de marché dans notre société, qui deviendra de plus en plus électrisée », a souligné Michel Bonvin, professeur à la HES-SO Valais. Dans ce contexte, le stockage de l’énergie est un enjeu très important. Le pompage-turbinage est ainsi idéal et le Valais, déjà équipé, a ainsi une belle carte à jouer. Pour  mémoire, le canton produit actuellement 27% de l’énergie hydroélectrique du pays.

De la prise d’eau à la prise électrique
Mais le Valais doit devenir un véritable acteur dans tous les maillons de la chaîne de valeur de l’électricité, y compris pour les aspects commerciaux. C’est de cette manière qu’il pourra être partie prenante des décisions dans le domaine énergétique. « La chaîne de valeur va de la prise d’eau à  la prise électrique », a affirmé pour sa part Paul Michellod, directeur des Forces motrices valaisannes (FMV). L’exemple d’Hydro Exploitation, véritable centre de compétences pour l’exploitation et l’entretien des infrastructures, montre que c’est possible et que cela fonctionne, selon Jean-Michel Cina.

Damien Métrailler, président des communes concédantes et président d’Evolène, est favorable à la constitution d’une société d’exploitation des infrastructures hydro-électriques, détenue à environ 60% par les collectivités publiques et dont l’actionnariat serait ouvert à toutes les communes qui le souhaitent. « Même certaines industries auraient un intérêt à prendre des participations dans les infrastructures de production», affirme Jean-Michel Cina.

Les opportunités qui vont se présenter bientôt pour le Valais sont uniques. « Mais il est important d’identifier, de maîtriser et de valoriser les risques liés à l’activité hydroélectrique », selon Paul Michellod. Il faut ainsi laisser de la place aux géants de la distribution électrique - Alpiq, BKW ou EnAlpin – que ce soit pour les infrastructures ou pour la distribution. Cela permettrait d’équilibrer les risques, qui sont importants.

Initiative cantonale pour un fonds souverain ?
Le député Narcisse Seppey défend de son côté la constitution d’un fonds souverain cantonal, qui regrouperait l’argent tiré des concessions. « Sans la constitution d’un tel fonds, deux tiers des Valaisans ne recevront rien ou presque ». Les produits de ce fonds devraient servir à des projets de développement durable ou encore d’innovation. La motion de Narcisse Seppey ayant été rejetée au Grand conseil, ce dernier n’exclut pas, en fonction des propositions qui seront faites prochainement par le gouvernement, de lancer une initiative cantonale défendant l’idée du fonds souverain.

Le canton est prêt à présenter des solutions concrètes, a répondu Jean-Michel Cina. « Le Valais doit redevenir propriétaire des infrastructures afin qu’il puisse au moins répondre à ses propres besoins énergétiques ». Pourtant, le vrai débat est de savoir qui va valoriser l’électricité et non pas qui va encaisser l’argent. C’est sur cette base qu’il est possible de mettre en place une vraie stratégie de développement économique et de créer des places de travail qualifiées. Par ailleurs, le retour des concessions n’est pas le seul élément du débat, qui vise à mettre en place une politique énergétique du canton. L’efficience énergétique et les nouvelles énergies renouvelables doivent également être prises en compte.