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BLOG D’INFOS DU VALAIS TECHNOLOGIQUE, INDUSTRIEL ET INNOVANT

04.01.2019

2040 : bienvenue dans le modèle énergétique des trois tiers !

ACTUS

Il est primordial d’investir dans les énergies renouvelables et ne plus faire confiance aux prévisions énergétiques des économistes « classiques ». De plus, le prix des énergies propres ne cesse de baisser ce qui les rend de plus en plus compétitives sur le marché. Tel est l’avis de Michael Liebreich, fondateur et contributeur senior de Bloomberg New Energy Finance. Ce dernier s’exprimait lors de l’Event Smart Energy de fin août dernier. 

« Une révolution de l’énergie propre est en marche et les réactions sont plutôt positives », précise Michael Liebreich. Enormément d’argent est investi dans le domaine. De 100 milliards de dollars en 2004, on est passé aujourd’hui à 350 milliards d’investissement dans le domaine des solutions propres. C’est un montant considérable mais Michael Liebreich estime qu’il pourrait être encore plus conséquent. Il met aussi en avant le fait qu’il y a beaucoup de bonnes idées dans le domaine énergétique mais qu’au final, rien n’avance ou alors cela avance très lentement… 

Michael Liebreich dépeint le futur de 2040 comme « The Three-Third World », le modèle des trois tiers. Un tiers de l’électricité sera solaire et éolienne, un tiers des voitures et des petits camions sera électrique et il y aura un tiers plus de productivité énergétique dans l'économie mondiale.


Premier tiers : les énergies renouvelables 
Depuis le début des années 2010, des records (rentabilité, taille des installations, puissance installée) sont très régulièrement établis dans les énergies renouvelables. Les prix ont ainsi considérablement baissés et vont bientôt devenir des prix médians. En Suisse, ces prix seront plus élevés, mais c’est un pays qui est connecté à un grand nombre d’autres pour lesquels ces nouveaux prix seront la norme. Les énergies renouvelables deviendront tellement bon marché que la manière dont les réseaux sont construits va changer et du coup un maximum de ces énergies va être acheté. Même s’il y a déjà des prémices, l’adaptation du marché aux énergies propres doit se faire rapidement.

L’énergie solaire est par exemple une énergie sur laquelle on peut miser sans grand risque, selon Michael Liebreich. Il faut cependant tenir compte de la région géographique. En effet, au nord il sera difficile de produire de l’énergie solaire. Pourtant, tout le monde aimerait avoir de l’énergie de jour comme de nuit, à toute heure et à toute saison. Pour ce faire, il est possible de connecter les pays entre eux. Il ne serait pas logique de connecter la Suisse à l’Allemagne. Cela ferait en revanche du sens de la connecter au Maroc puisque les hivers sont différents. 


Deuxième tiers : les véhicules électriques 
Le fondateur de Bloomberg New Energy Finance fait un autre constat : le prix des batteries diminue considérablement. En 2025, leur prix sera tel qu’une voiture électrique ne coûtera pas plus cher qu’un véhicule diesel. « A l’heure actuelle, si vous faites beaucoup de kilomètres, le prix est déjà compétitif ! »

D’après Michael Liebreich, la qualité de l’air plus encore que le changement climatique doit pousser la population à rouler en voiture électrique. Une nouvelle problématique se pose alors. Aujourd’hui, il y a environ 4 millions de véhicules électriques en circulation dans le monde et ce nombre est amené à augmenter. Comment charger tous ces véhicules ?

Il faut repenser le système. Il a été démontré que les personnes qui ont des voitures électriques et qui les font charger à une borne de supermarché, restent plus longtemps dans le magasin et donc achètent davantage. Il s’agit également de prendre en compte le fait que la charge au supermarché est gratuite alors que sur une aire d’autoroute, elle est plus rapide mais elle coûte plus cher. Ce changement de paradigme pourrait amener à repenser la pertinence des stations de recharge dans la rue. C’est déjà un fait que les stations essence en bord de route ont disparu pour laisser place à des structures plus grandes en périphérie.


Troisième tiers : la décarbonisation de l’économie
Le dernier point faisant partie du modèle des trois tiers qu’a cité Michael Liebreich met en lumière la décarbonisation de l’économie mondiale. L’empreinte carbone désigne la somme des émissions de CO2 des entreprises dans lesquelles les investisseurs détiennent des parts. L’idée est que ceux-ci investissent de manière responsable et durable et que donc ils retirent de leurs portefeuille les entreprises qui émettent beaucoup de gaz à effet de serre ou qui financent les énergies fossiles. Selon Michael Liebreich, digitaliser les infrastructures permettrait d’avancer plus vite.

Pour l’instant, nous ne sommes pas assez rapides : « au rythme actuel, il nous faudrait 150 ans pour décarboniser la production d’énergie mondiale, et 332 ans pour électrifier tout le système. » Michael Liebreich se dit toutefois optimiste, mais reconnait qu’il y a encore du travail et surtout beaucoup d’innovations à développer encore pour y arriver.


Propos recueillis le 31 août 2018 lors de l’Event Smart Energy