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BLOG D’INFOS DU VALAIS TECHNOLOGIQUE, INDUSTRIEL ET INNOVANT

28.10.2020

Andreas Frasnelli : un médecin-entrepreneur qui s'engage contre l'hypothermie

ACTUS

Finaliste du Venture Kick 2019, l’un des programmes de référence pour les startups en Suisse, la jeune pousse de Naters, frater.swiss, développe une nouvelle technologie qui agit par transformation chimique, sans batterie, sur la température du liquide de perfusion. Dédiée entre autres à une utilisation extrahospitalière, cette solution est vitale pour les patients secourus en montagne ou dans tout environnement froid. Exposés à un risque d’hypothermie, ils nécessitent une stabilisation de leur température corporelle dans les plus brefs délais. Nous sommes allés à la rencontre de son fondateur et CEO, Dr Andreas Frasnelli, Chef des Urgences à l’Hôpital de Viège. Il a mis ses nombreuses années d’expérience dans des missions de sauvetage par hélicoptère au service de sa solution. Portrait de cette pépite, nichée au cœur des Alpes suisses. 

Avec sa topographie accidentée, entouré par les plus hauts sommets des Alpes (Cervin, Pointe Dufour, Weisshorn), le Valais bénéficie d’une situation unique en Suisse et de compétences à la pointe de la médecine d’urgence et de secours en montage. Grâce à la forte diversité et à l’expertise reconnue au niveau national et international des acteurs établis sur son territoire, le Canton est un véritable centre de compétences dans ce domaine. Chaque mois, nous partons à la rencontre des acteurs de l’écosystème de la santé valaisan et mettons en lumière des entrepreneurs qui font la médecine de demain. 

Découvrez l’interview que nous a accordé le Dr Andreas Frasnelli, fondateur et CEO de la start-up haut-valaisanne, frater.swiss, et également Chef du Service des Urgences de l’Hôpital de Viège : 
 

Racontez-nous comment vous est venue l’idée de cette solution ? 

Tout a commencé en 2012, quand je travaillais pour une organisation de sauvetage en Engadine. Les températures là-bas peuvent descendre très bas (jusqu’à -34°C !). Régulièrement les lignes de perfusion étaient gelées et nous ne pouvions donc plus les utiliser. Nous ne mettions même plus en place de cathéter, car nous savions que nous ne pourrions pas utiliser d’injections. Nous réconfortions alors les patients en leur disant que le vol serait court… Mais dans le cas d’une jambe cassée, par exemple, le patient a besoin d’antidouleurs ! 

À ce moment-là, j’ai commencé à réfléchir à une solution pour mon travail quotidien. Cette recherche m’a pris un long moment. Je le répète volontiers : je suis uniquement un médecin, je n’ai aucune connaissance technique. J’ai donc activé mon propre réseau. J’ai découvert les organismes de soutien à l’innovation qui existent en Suisse, comme la Fondation the Ark
 

Quels sont les challenges surmontés au démarrage ? 

Dès le début, j’ai reçu de nombreux retours positifs, mais la majorité me disait : “C’est une excellente idée. Je ne peux rien pour toi. Et surtout, n’en parle à personne, car cela n’existe pas encore !”. Donc il y avait un vrai potentiel, mais aucune aide. À la suite d’un service de nuit à l’Hôpital de St-Gall, où je travaillais à l’époque, j’ai fait une dernière tentative : j’ai fait un dépôt de projet à InnoSuisse (CTI). Je me rappelle m’être dit : ” J’essaie encore une fois et s’il n’y a aucune aide, j’arrête tout”. Heureusement, j’ai reçu un appel quelques jours plus tard qui m’a enjoint à faire une étude de faisabilité et j’ai pu être en contact avec un mentor. Avec l’aide de la Fondation the Ark, j’ai pu soumettre un deuxième projet à InnoSuisse, breveter la solution et l’entreprise s’est agrandie.
 

Quel est l’état de la concurrence sur ce marché ? 

Il existe des solutions similaires, mais elles fonctionnent toutes à l’aide de batterie. Elles sont lourdes et chères et une formation spécifique à leur utilisation est souvent nécessaire, car différentes parties doivent être connectées entre elles. Pour toutes ces raisons, nous avons voulu mettre au point une solution facile d’usage, c’est-à-dire sans avoir besoin de batterie, ni de formation. Notre solution fait partie intégrante du matériel de perfusion, puisqu’il s’agit d’un revêtement chimique qui chauffe les lignes de perfusion. 

Pour avoir une idée du marché potentiel, l’organisation de sauvetage de l’une des plus grandes villes de Suisse utilise environ 10’000 lignes d’injections chaque année et pourrait être intéressé à ce que le 20% utilise la thermorégulation du liquide.
 

Quels sont les défis qui vous font face ? 

Pour que la réaction chimique soit efficace, il faut pouvoir la faire démarrer, puis la contrôler. Aujourd’hui, le démarrage, qui équivaut à chauffer le liquide avec des actifs chimiques, fonctionne bien. Nous travaillons maintenant à l’assemblage du réactif chimique au sein du revêtement, tout en préservant au maximum les dimensions d’une ligne d’injection basique (4 mm de circonférence) et nous itérons sur un moyen de contrôler la température du liquide, avec l’aide de l’EMPA

Afin de rapidement pouvoir développer un prototype et déterminer la meilleure manière de produire notre solution, nous sommes actuellement à la recherche de fonds supplémentaires.