L’« Internet of Me » en débat lors de la 4e Journée e-Health
Dans le sillage de l’internet des objets, allons-nous devenir les prochains objets connectés du web ? Cette question centrale, qui touche à « l’Internet of Me », a été débattue lors de la 4e édition de la Journée e-Health. Celle-ci s’est tenue ce vendredi au TechnoArk de Sierre. Près de 180 spécialistes de la santé numérique étaient réunis pour l’occasion.
« L’ambition de la Journée e-Health est de partager les réflexions, expériences et bonnes pratiques liées à la santé numérique. Année après année, elle permet aux différents acteurs du système de santé d’explorer des opportunités concrètes », a précisé Sébastien Mabillard, coordinateur de Swiss Digital Health et modérateur de la conférence.
Cette édition s’est focalisée sur le lien entre le patient et les professionnels de santé qui les traitent. L’internet a révolutionné nos sociétés contemporaines. Nous parlons volontiers de l’internet des objets où les appareils de notre quotidien (frigo, téléviseur, chauffage…) peuvent communiquer de manière autonome via le web pour se réguler, interagir ou encore s’autoalimenter en ligne.
Nouveau souffle à trouver
« Une révolution touche la santé depuis quelque temps », souligne Frédéric Briguet de Boston Scientific, l’un des orateurs de la journée. Cette révolution est en lien avec le développement des connexions sans fil et la possibilité d’avoir des informations en temps réel. La montée en puissance du téléphone portable ainsi que celui de l’analyse de données a aussi poussé la médecine à s’intéresser de près au domaine de la santé connectée. Celui-ci devrait générer un chiffre d’affaires d’environ 30 milliards de dollars d’ici 2018.
Les produits de santé numérique ne sont pas soumis aux mêmes règles commerciales que les autres. « Le patient ne veut pas savoir qu'il est malade. Lui donner donc tous les jours des applis qui lui rappellent qu'il est malade, ce n'est pas forcément bien. C'est plutôt son entourage qui est intéressé par cette maladie. Le patient, lui, veut vivre. Les applications doivent donc s'intéresser davantage à l'entourage des patients », selon Frédéric Briguet.
De manière générale, il s’agit de trouver un nouveau souffle, pour sortir des aspects touchant au mobile, aux tableaux de bord et aux données. Des pistes sont possibles en intégrant de la réalité augmentée ou des nanotechnologies.
Le Facebook des patients
Chris Fidyk a présenté pour sa part Patientslikeme, une sorte de Facebook des patients. Ce réseau social, qui a démarré aux Etats-Unis, connaît un large écho. Son développement et ses pratiques ont particulièrement intéressé l’auditoire.
Lors de cette conférence, Withings, spécialisée dans les objets connectés, a également mis en avant ses savoir-faire ainsi que l’impressionnant nombre de données collectées. L’entreprise française, récemment rachetée par Nokia, travaille maintenant sur des modèles prédictifs pouvant prévenir des problèmes physiques ou venir en aide aux individus, comme l’a montré Alexis Normand, directeur du développement santé de l’entreprise.
Attention aux dysfonctionnements
Stéphane Koch, spécialiste des questions numériques, tempère l’enthousiasme autour des objets connectés. « Attention aux ratés des technologies lors de l’acquisition des données. Suivant le traitement fait en aval, cela pourrait poser problème. Il n'y a pas toujours moyen de corriger ses données. C’est dommage, lorsque l'on sait qu'il y a eu des dysfonctionnements des devices ». Par ailleurs, pour certaines personnes qui n'arrivent pas à perdre du poids ou à progresser, le Quantified Self peut être un stress et faire l'effet contraire.
De la e-prévention pour le Groupe Mutuel
Le Groupe Mutuel, l’un des principaux assureurs de Suisse, a présenté pour sa part sa plateforme de e-coaching. « Le point central est la protection des données. Cette plateforme est un outil de prévention et pas de collecte de données », a souligné Stéphane Andematten, responsable marketing. La plateforme, baptisée Ignilife, est une ouverture supplémentaire pour l’assureur. « Nous faisions déjà de la prévention. Nous faisons maintenant de la e-prévention. Cela fait partie de notre responsabilité d'entreprise ».
L’après-midi de la Journée e-Health a permis de présenter des projets concrets. Life Corp. a détaillé sa combinaison connectée alors que Karmagenes a mis en avant sa plateforme de tests de personnalité et son nouveau jeu. Ces deux projets sont développés en Valais, avec le soutien de la Fondation The Ark. La journée s’est conclue par une table ronde sur les rapports entre les ePatients et les eDocteurs.
La prochaine édition de la Journée e-Health est prévue le 9 juin 2017.
Informations complémentaires : www.theark.ch/e-health
Lire l'article sur le sujet paru dans le Nouvelliste du 4 juin 2016 (pdf, 86 ko)