La formation un levier pour permettre le développement de l’industrie 4.0 en Valais
L’industrie 4.0, qui propose une plus grande automatisation, aura toujours besoin de bras et de compétences pour faire fonctionner les usines, en Valais ou ailleurs. Pour ce faire, le Valais est bien positionné en termes de formation. La sensibilisation dès le plus jeune âge permet également d’orienter les jeunes générations vers des professions techniques. Mais l’enjeu est de pouvoir proposer des emplois à ces jeunes diplômés, au sein des usines valaisannes. C’est ce qui ressort d’une table ronde de discussion organisée à fin janvier dernier lors de la Swiss Digital Conférence de Sierre.
En Valais, la transformation numérique va de l’avant. « Déjà 60 start-up numériques ont été créées sur le site de Sierre. On a commencé suffisamment tôt et le Valais a joué son rôle dans la transition digitale suisse », précise Laurent Sciboz, directeur de l’Institut Informatique de gestion de la HES-SO Valais/Wallis. Selon lui, toutes les compétences nécessaires pour l’industrie 4.0 sont enseignées dans les Hautes écoles valaisannes, notamment pour la partie développement de produits, bases de données et cloud. Ces formations sont, entre autres, complétées par un Master en intelligence artificielle de l’Idiap et Unidistance. Reste que du côté de la production, le recrutement reste compliqué dans les entreprises valaisannes.
Les outils de travail ont évolué, la formation professionnelle aussi. « Nous avons par exemple mis en place une mini-usine 4.0 à Sierre. Ces installations coûtent cher, mais les politiques comprennent l’importance de ces usines, afin de préparer les apprentis. Ces derniers peuvent se familiariser avec les nouvelles technologies », souligne pour sa part Tanja Fux, cheffe du service de formation professionnelle. La promotion pour l’attractivité de l’industrie valaisanne est à faire dès le cycle d’orientation. Cela se fait via les orienteurs en classe ou des initiatives comme le Salon des métiers. « Le but est de sortir les jeunes de leurs cadres normaux ».
Une vision inchangée depuis 30 ans
Malgré de nombreux efforts, avec une sensibilisation aux métiers techniques dès l’âge de 9 ans, les femmes sont encore peu attirées par les métiers techniques. « Il est important de déconstruire encore certains stéréotypes », selon Tanja Fux.
Mais au-delà des sensibilisations et des formations, il faut pouvoir proposer des emplois aux jeunes générations. « C’est important d’avoir des débouchés sur place pour les diplômés des écoles du canton », affirme Laurent Sciboz. Selon ce dernier, la vision reste la même depuis 30 ans : attirer les talents, les fidéliser et ensuite faciliter leur entrée sur le marché du travail.
Aider les collaborateurs dans leurs tâches
Au niveau de l’industrie, Jonathan Besse, responsable de la recherche et du développement chez Eversys (Sierre) souligne que le « swiss made » a une valeur pour les machines à café, et surtout pour les machines professionnelles. « La force, c’est d’avoir la production sur un seul site, c’est plus dynamique. C’est à nous de faire en sorte que l’on demeure compétitifs ici en Valais ». Reste que l’industrie 4.0 permet d’améliorer la qualité du travail pour les employés. Les tests finaux ont par exemple été automatisés. Les opérateurs se concentrent uniquement sur la recherche et la résolution des pannes. « La partie intéressante du travail est maintenue pour les gens et c’est cela qui compte ».
A terme, la digitalisation permettra notamment de se diriger vers la maintenance prédictive, mais également la customisation de masse. Jonathan Besse perd ainsi l’exemple des machines à café produites pour un point de vente Ralph Lauren à News York. « Les machines ont été peintes sur mesure, aux couleurs de la marque. » La customisation passera aussi par l’élaboration de recettes de café personnalisées selon les clients. Et pour y arriver, il faut des personnes suffisamment formées.
Propos recueillis le 28 janvier 2022 à l’occasion de la Swiss Digital Conference