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BLOG D’INFOS DU VALAIS TECHNOLOGIQUE, INDUSTRIEL ET INNOVANT

04.10.2022

Les grandes lignes de la transition énergétique chinoise présentées lors de l’Event Smart Energy

ACTUS

Organisé fin août dernier, l’Event Smart Energy a réuni près de 120 spécialistes du domaine de l’énergie qui ont pu assister à de nombreuses présentations inspirantes. Parmi elles, celle de Nicolas Musy, autour du thème « La Chine, des enjeux énergétiques pour le monde entier », a marqué les esprits. Le directeur de China Integrated a su démontrer, chiffres à l’appui, que le plus gros contributeur de nouvelles émissions carbone s’est doté d’une solide stratégie énergétique pour atteindre le Net Zéro Carbone à l’horizon 2060. 

Ingénieur en physique de formation, Nicolas Musy travaille et vit à Shanghai depuis 1988. Spécialiste de la Chine, il a co-fondé, en 1997, l’entreprise China Integrated. Cette société innovante offre différents services afin d’aider les entreprises internationales à développer des activités fructueuses en Chine. Depuis sa création, ce sont plus de 300 PME qui ont bénéficié de son soutien. En parallèle, Nicolas Musy fait partie des fondateurs du Swiss Center Shanghai, un centre qui ambitionne de faciliter les relations entre la Suisse et Shanghai. Convaincu que la Chine joue un rôle prépondérant pour le secteur de l’énergie, il a présenté lors de l’Event Smart Energy différentes mesures énergétiques prises par l’Empire du Milieu, qui pourraient être utiles à la Suisse.
 

La Chine : de principal pollueur à modèle d’exemplarité ?
Alors que la Chine est responsable chaque année de près de 38% des émissions carbone mondiales, plusieurs raisons poussent ce pays à s’investir pleinement dans la transition énergétique. Touchée de plein fouet par la pollution et les problèmes sociaux qui en découlent, la Chine se doit de répondre à une prise de conscience populaire pour plus de durabilité. Aussi, le pays souffre particulièrement des dérèglements climatiques (inondations, typhons). Aujourd’hui, c’est l’état qui subit les plus fortes vagues de chaleur jamais enregistrées. Sur le plan politique, s’investir dans la transition énergétique impacte directement l’image de la Chine. « Il est clair que la politique climatique chinoise est un élément de négociation diplomatique », précise Nicolas Musy. Ces différentes raisons ont amené les autorités chinoises à déterminer une stratégie énergétique claire, pour atteindre le Net Zéro Carbone dès 2060. Un projet ambitieux quand on sait qu’aujourd’hui seuls 30% de l’électricité chinoise proviennent de sources renouvelables.

Pour remplir cet objectif, l’Empire du Milieu s’est fixé un premier jalon à 2030, où il atteindra son pic d’émissions. Cela signifie que seulement après 2030, les émissions chinoises seront décroissantes, le temps pour la Chine de multiplier ses sources d’énergie renouvelables. D’ici 2030, le pays devrait disposer d’une capacité solaire et éolienne de 1200 GWh. « Pour atteindre la parité du réseau, la Chine a multiplié par 100 sa production solaire, entre 2005 et 2014 », souligne Nicolas Musy. 

Actuellement, l’état chinois est le plus grand investisseur, producteur et consommateur d’énergies renouvelables. Il produit notamment 40% des voitures électriques commercialisées à l’échelle mondiale. En parallèle, la Chine continue à investir massivement dans le nucléaire. « Chaque deux mois, une nouvelle centrale nucléaire est construite sur le territoire chinois. »
 

Un système énergétique fortement centralisé
En Chine, les acteurs principaux de la transition énergétique appartiennent à l’état. Le fonctionnement de la politique énergétique chinoise peut ainsi être comparé à celui d’une grande entreprise qui met en place des plans et fixe des objectifs. Les différents acteurs de la société doivent ensuite réaliser ces objectifs. Cette politique est financée par l’épargne des ménages chinois, qui économisent près de 30% de leurs revenus. 

A son échelle, la Suisse peut bénéficier des grandes capacités de production chinoises. Par exemple, la Chine produit des panneaux photovoltaïques de bonne qualité à bas prix qui peuvent être importés directement sur le territoire helvétique. Les grandes lignes de la stratégie énergétique chinoise peuvent également constituer une source d’inspiration pour le développement, en Suisse, d’énergies renouvelables comme l’éolien ou le solaire.

Nicolas Musy conclut sa présentation sur le terme « WéijT » qui a une double signification en mandarin. Ce mot veut dire à la fois danger et opportunité. « Pour un Chinois, chaque crise constitue à la fois un risque et une opportunité. Je suis convaincu que sous la pression, nous sommes capables de réagir et d’aller vite ».
 

Propos recueillis le 26 août 2022 lors de l’Event Smart Energy sur le Campus Energypolis