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BLOG D’INFOS DU VALAIS TECHNOLOGIQUE, INDUSTRIEL ET INNOVANT

07.01.2019

OrphAnalytics : Identifier les fraudeurs grâce à l’analyse génomique

ACTUS

L'entreprise OrphAnalytics utilise un algorithme génomique pour détecter la fraude académique et pour l’authentification de textes. Cette start-up valaisanne soutenue par la Fondation The Ark vient de faire l’objet d’un article dans la prestigieuse revue européenne « Technologist », dont l’ambition principale est de faire de la vulgarisation scientifique. Retrouvez ci-dessous quelques passages de l’interview de Claude-Alain Roten, directeur d’OrphAnalytics.

Fondée dans le canton du Valais, la start-up OrphAnalytics s’appuie sur un algorithme génomique appliqué à l’analyse de textes et documents dans le but de détecter les fraudes financières ainsi que le plagiat et le ghostwritting dans le milieu académique. Créée en 2014, la société, employant six collaborateurs, utilise également son logiciel dans le domaine juridique, notamment dans le cas d’harcèlements anonymes ou dans des tentatives d’escroquerie. Interview de Claude-Alain Roten, directeur de la société.

Comment fonctionne la technologie d’OrphAnalytics ? 
La technologie nous permet de capter la syntaxe d’un document. En effet, un texte est constitué d’éléments sémantiques, donc de mots qui sont eux-mêmes structurés par les tournures de phrase d’un auteur. A ce niveau, la syntaxe est essentielle car elle indique les choix de style suivis par l’auteur. Notre méthode permet de déterminer l’auteur d’un texte en comparant le style d’écriture du document avec celui d’autres textes provenant du signataire. Pour ce faire, quelques pages sont suffisantes.

Outre la détection de fraude académique, vous appliquez également la technologie dans le domaine judiciaire. Dans quels cas précis ?
Que ce soit des histoires criminelles ou de chantage, nous pouvons analyser les textes, puis identifier leurs auteurs dans un nombre restreint de suspects. Nous avons d’ailleurs utilisé notre technologie sur les documents clés de l’affaire Ford-Kavanaugh aux Etats-Unis. En effet, Brett Kavanaugh, nouveau juge à la Cour suprême, a été accusé par Christine Blasey Ford, professeure de psychologie, de l’avoir agressée sexuellement il y a trente-six ans. Nos experts ont comparé la signature stylométrique de deux documents clés écrits par Ford avec la transcription de ses réponses données oralement au cours de l’audience. Nos analyses de style confirment la paternité des documents clés dans l’affaire. Ces résultats prouvent alors que Christine Blasey Ford est la véritable auteure de ses déclarations écrites, corroborant ainsi leur authenticité.

Quelles autres affaires peuvent être résolues avec votre technologie ?
Nous pouvons également appliquer notre technologie dans les cas d’escroquerie. Par exemple, ils ont servi récemment pour une expertise demandée par un tribunal arbitral international dans le cadre d’une tentative d’extorsion de fonds par manipulation de contrats à hauteur de plusieurs centaines millions d’euros. C’est pourquoi nous travaillons actuellement en collaboration avec l’Institut de Police Scientifique de l’Université de Lausanne.

Quelles sont les prochaines étapes de développement ?
Nous appliquons notre technologie innovante dans plusieurs domaines comme, par exemple, la musique ou l’information numérique. Nous avons optimisé nos algorithmes afin qu’ils puissent établir leur identité à partir de quelques centaines de caractères seulement. Un développement idéal pour les réseaux sociaux. Nous nous efforçons toujours d’appliquer notre technique transdisciplinaire à de nouveaux domaines. Pour l’instant nous comptons une dizaine de clients, dont deux en Europe et le reste en Suisse.
 

Source et photo : Technologist