Quelles tendances pour le Quantified Self ?
Le Quantified Self, ou la mesure de soi, évolue vers des données de plus en plus précises, de plus en plus nombreuses, par le biais de capteurs de plus en plus petits. Dans ce contexte, quelles sont les évolutions à attendre dans ce domaine, qui est l’une des ressources de la santé digitale de demain ? Carine Coulm, cofondatrice du Quantified Self Paris et entrepreneuse, nous donne quelques pistes.
L’un des fondamentaux qui a permis le développement du Quantified Self est la loi de Moore. Enoncée à la fin des années 50 par le fondateur d’Intel, celle-ci prédit que le nombre de transistors des microprocesseurs sur une puce de silicium doublerait tous les deux ans grâce à la miniaturisation de l’électronique. « En terme de technologie, cette loi va continuer à s’appliquer même si elle a atteint sa limite officielle en 2016. En effet, la gravure sur une puce de silicone se rapproche de la limite quantique, et cela commence à devenir trop cher », selon Carine Coulm.
L’idée est donc d’aller vers d’autres technologies ou idées. En voici quelques exemples :
- l’électronique souple que l’on peut apposer à même la peau. Cette technologie n’en est qu’à ses balbutiements. Dans les années à venir, les outils de mesure (ou « wearables ») deviendront, quoi qu’il arrive, beaucoup plus portables.
- Digiwell : cette start-up allemande vous propose de vous implanter, sous la peau, une puce, de la taille d’un grain de riz. « Bientôt, vous pourrez aller chez le tatoueur du coin et lui demander de vous insérer ces implants sous la peau de la main ». Ouvrir la porte de chez vous, prendre le métro ou déverrouiller votre téléphone : tout cela peut être commandé par une seule puce électronique. Les soirées pour s'en faire implanter dans la main se multiplient même partout dans le monde.
- Protheus Digital Health : cette société américaine propose d’avaler un senseur de la taille d’un grain de sable, avec vos médicaments. Le senseur s’active au contact de l’acidité de l’estomac et envoie un signal au docteur via un patch collé sur la poitrine. Ce dernier sert de relai vers le smartphone.
- Bodycap : cette entreprise française propose un capteur à avaler, de la taille d’une pilule. Elle permet de suivre la température du patient après une opération.
- L’utilisation de caméras pour capter et suivre les émotions des êtres humains. « Transcrire des métriques en chiffres pour aller vers un meilleur changement de comportement est une tendance certaine », selon Carine Coulm.
- L’intelligence artificielle est également une tendance forte dans le Quantified Self. Au lieu de récupérer des données sur un échantillon de 1’000 personnes, nous pouvons en récupérer sur plusieurs millions ! « Imaginez demain qu’un coach soit matérialisé dans votre montre : il vous connaît très bien (données physiques, profil psychologique…) et pourra ainsi vous comparer avec d’autres personnes du même type. Cela vous permettra de vous donne les clés de la réussite pour atteindre au mieux vos objectifs ».
La question sensible des données…
Reste que, dans toutes ces tendances, la question de la propriété de nos données est une nouvelle fois centrale. « Elle est cruciale en Europe, mais préoccupe peu les Américains », selon Carine Coulm. Et cette dernière de citer Google, pour qui la vie privée serait une invention des temps modernes et de la révolution industrielle, qui trouverait son origine dans la concentration urbaine. Tout un programme !
Propos recueillis le 26 janvier 2018 lors de la Conférence TechnoArk de Sierre