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BLOG D’INFOS DU VALAIS TECHNOLOGIQUE, INDUSTRIEL ET INNOVANT

28.10.2021

Santé : la télémédecine va encore ouvrir les perspectives, mais toujours avec l’humain au centre !

ACTUS

La télémédecine était au cœur de la neuvième édition de la conférence Digital Health Connect, organisée mercredi à la Clinique romande de réadaptation de Sion. Des experts internationaux, venus notamment d’Israël et des Etats-Unis, ont partagé leurs avis, espoirs et craintes en lien avec la médecine à distance, qui a véritablement décollé depuis le début de la crise du Covid-19. La télémédecine ouvre le champ des possibles, mais tant les patients que les soignants veulent garder la dimension humaine. La technologie à elle seule ne suffira pas. 

Environ 180 personnes en ligne et en présentiel ont participé à Digital Health Connect, organisée par Swiss Digital Health, la Fondation The Ark et la HES-SO Valais/Wallis. La docteure Galia Barkai, CEO de Sheba Beyond, le premier hôpital virtuel israélien, a lancé la conférence avec un plaidoyer en faveur de la télémédecine. Selon elle, la technologie sera toujours en avance sur le système de santé et l’humain. Mais il ne faut pas avoir peur de perdre le contact humain. « Au contraire, et la crise Covid l’a montré : les cliniciens se sont rapprochés des patients. C’est ce que l’on essaie de faire au quotidien ». Prise en charge de l’obésité enfantine à distance, écographies de femmes enceintes effectuées directement par les patientes sous la supervision d’un médecin à distance, accompagnement psychiatrique à long terme : les exemples d’applications concrètes sont légion au Sheba Beyond. Selon Gaia Barkai, il est maintenant venu le temps de positionner la télémédecine sur le même pied d’égalité que la médecine traditionnelle.


Des wearables, oui, mais de l’éducation des utilisateurs aussi 
Katarzyna Wac, directrice du QoL Lab, basé à l’Université de Genève et de Copenhague, est également consciente de la cohabitation nécessaire entre la technologie et l’humain. Son laboratoire a notamment analysé une large série d’outils portatifs en lien avec la santé. Ces éléments sont très utiles entre deux consultations médicales. Selon elle, la miniaturisation de ces appareils ouvre de belles opportunités. Mais le facteur humain reste un élément clé, notamment pour éduquer les gens à leur utilisation. Quoi qu’il en soit, l’approche doit être avant tout centrée sur l’humain pour obtenir des résultats probants ». 

La conférence s’est poursuivie par la présentation à distance du Dr Yves Nordmann, médecin israélo-suisse et serial entrepreneur dans le domaine de la santé digitale. Il a notamment créé de nombreuses entreprises basées sur des applications mobiles, dont la dernière en date, Docdok Health. Selon lui, il est nécessaire d’utiliser une approche hybride dans le domaine de la télémédecine, avec un mix entre interventions humaines et technologies. Il est également important de regrouper différentes applications sur une même plateforme et de le faire en partenariat avec des partenaires de santé. « Nous avons besoin d’écosystèmes partenaires pour réussir. Il est aussi nécessaire, pour toute application de télémédecine, de démontrer que vous avez un impact et que vous pouvez utiliser au mieux les données au service des patients et des professionnels de santé ». La grande tendance actuellement est liée au dossier électronique du patient, sur lequel les patients doivent garder la main. « C’est la prochaine évolution à réaliser, même si les Big Techs sont déjà en partie sur le coup », conclut Yves Nordmann.


Quatre tables de discussion
Des tables de discussion ont eu lieu durant l’après-midi. La première d’entre elles, modérée par Pascal Tritz, a réuni des experts de l’Hôpital du Valais (Dr Grégoire Gex), du Centre médico-social des coteaux du soleil (Arnaud Zufferey) et de l’Hôpital Fribourgeois (Christophe Bosteels), en lien avec les soins hospitaliers à domicile. Depuis la crise du coronavirus, les hôpitaux ont mis en place des consultations à domicile, pour la plus grande satisfaction des patients. Ces derniers sont prêts à partager leurs données à partir du moment où les outils sont confiés à des professionnels de santé. Du côté des médecins, il y a cependant des craintes liées à la responsabilité, vu qu’avec les technologies, ils ont potentiellement accès à toutes les données des patients. Que se passe-t-il en cas de problème ? Auraient-ils tout dû anticiper, au vu de leur accès aux données ? Par ailleurs, certains « gadgets », censés faciliter les soins à domicile, ne sont pas toujours pertinents. Comme un pilulier automatique, qui est catastrophique pour des patients qui se sentent déjà très seuls au quotidien. C’est clairement une moins-value dans ce cas précis. 

La seconde table de discussion a évoqué le suivi à distance des athlètes. Sous la modération de Bertrand Léger de la Clinique romande de réadaptation, elle a accueilli Lucas Malcotti, champion du monde d’escrime, Michael Duc (Swiss Olympic Medical Center) et Philipp Caretta (Force8). En matière de suivi et coaching des athlètes, les intervenants se sont demandé s’il était possible de tout faire à distance. Selon l’avis unanime, un modèle hybride est très important et il ne faut pas se baser uniquement sur une plateforme. A nouveau, malgré les progrès de la technologie, le facteur humain reste primordial, y compris dans ce domaine. 

La troisième table ronde a évoqué les nouvelles thérapies numériques. Modérée par Dawn Haughton-Bonine, responsable communication de Debiopharm, elle a donné la parole à Lauri Sippola, CEO de Kaiku Health. Selon lui, un taux de survie plus élevé et une qualité de vie améliorée sont la conséquence de l’utilisation de thérapies numériques, notamment dans le traitement du cancer. Mais, selon la Dre Galia Barkai de Sheba Beyond, il est crucial que l’infrastructure technique et l’administration soient bien pensées afin de faire diminuer la charge de travail pour les médecins. De son côté, Ralf Molitor, CEO de Helsana HealthInvest, s’est exprimé sur le soutien des assureurs à ces thérapies numériques. « En tant qu’assureur, nous sommes assez limités pour soutenir les thérapies numériques. Il est possible de sponsoriser des recherches ou alors passer par les assurances complémentaires. On peut aussi investir dans des start-up. Mais il faut voir cela comme un rôle indépendant de l’assurance-santé que nous sommes ». 

La dernière table ronde a été animée par Michael Schumacher, professeur à la HES-SO Valais/Wallis, sur la thématique de la modification à distance des comportements de santé. L’entreprise MindMaze y a participé, tout comme l’Hôpital universitaire de Zurich et l’AISLab de la HES-SO Valais/Wallis. 


Kaiser Permanente et son modèle innovant pour conclure
Pour conclure cette journée riche en contenus et en discussions, Karin Cooke, directrice de Kaiser Permanente International a présenté le modèle innovant de son entreprise. Les patients achètent leur assurance santé auprès de l’entreprise et ont accès aux centres médicaux propres à l’entreprise. Tout est également accessible via une application mobile. « Notre but est de prodiguer des soins là où vous êtes, à la maison. Les connexions virtuelles servent à guider les patients vers les meilleurs soins pour eux ». Kaiser Permanente a ainsi introduit dès 2015 des consultations vidéo. « A cette époque, il y avait peu d’intérêt, mais tout a changé depuis la pandémie de Covid-19. La demande existe bel et bien et les patients trouvent cela très commode, d’autant que les coûts sont moindres, pour des soins égaux ou meilleurs à la maison qu’en hôpital ». 

La prochaine édition de Digital Health Connect, dixième du nom, est prévue pour l’automne 2022. Informations sur www.digitalhealthconnect.ch.