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BLOG D’INFOS DU VALAIS TECHNOLOGIQUE, INDUSTRIEL ET INNOVANT

10.11.2022

La stratégie énergétique 2050, un cap à maintenir malgré les risques de pénurie à venir

ACTUS

La question électrique est devenue... électrique en Suisse depuis quelques mois. La possible pénurie de cet hiver suscite beaucoup d’interrogations. Mais ce n’est pas une raison pour remettre en cause l’objectif à long terme, lié à la stratégie énergétique 2050. La décarbonation et la promotion des énergies renouvelables doivent rester prioritaires, tout en profitant du potentiel « choc » des éventuelles pénuries de cet hiver pour faire évoluer les habitudes de consommation. C’est ce qui ressort de la table ronde organisée en marge de l’Event Smart Energy à fin août dernier. 

« La situation actuelle, en lien avec une potentielle pénurie cet hiver, est très étonnante pour un pays qui a beaucoup d’expertise dans le domaine de l’énergie. Bien que l’on ait été prévenu il y a de nombreuses années, on se retrouve quand même au pied du mur », précise Fabrice Delaye, journaliste à Heidi.news et modérateur de la table ronde du dernier Event Smart Energy. Dès le début du conflit russo-ukrainien, la question énergétique est devenue centrale dans tous les pays, et aussi en Suisse. Ce qui est logique vu que l’hiver dernier, notre pays a importé 5,7 TWh d’électricité depuis les pays voisins. 

Reste que malgré la stratégie énergétique 2050, on pourrait avoir des soucis d’approvisionnement cet hiver. « La stratégie énergétique 2050 est claire et bien faite. Tout est là, mais on est tous responsables de ce changement à venir », souligne l’eco-explorateur Raphaël Domjan. Au niveau du financement, ce dernier prend l’exemple du sauvetage d’UBS, qui a coûté un tiers du financement de la transition énergétique. « Il est aussi important de régler la question des oppositions pour la mise en place des nouvelles énergies ». Selon lui, des pays comme Monaco vont plus vite que la Suisse. 


Un choc qui permet de réfléchir
« En 2050, on aura résolu nos problèmes si on fait ce qui est prévu. Et ainsi, grâce à l’apport des énergies renouvelables, on aura une stabilité fabuleuse », précise Pierre Roduit, directeur de l’institut Energie et Environnement de la HES-SO Valais/Wallis. « Il est important que la Suisse trouve son chemin pour atteindre les objectifs de la stratégie énergétique 2050, histoire de ne pas être dépendante des autres, notamment avec le gaz et le pétrole. Il faut donc continuer sur ce chemin, tout en faisant que la population applique les mesures d’efficience préconisées ». 

La situation actuelle est un choc qui permet de faire réfléchir, notamment au niveau du gaspillage d’énergie, par exemple au niveau de l’éclairage public. « Mais en même temps, c’est toute une population qui doit changer de comportement, comme elle a réussi à le faire lors de la pandémie de Covid. On a beaucoup à gagner dans l’efficience, particulièrement dans le bâtiment ».
 

Barrages et soleil : la dream team !
Au rythme d’aujourd’hui, il faudra cent ans pour finaliser la transition énergétique, explique Stéphane Maret, directeur de FMV. « En 2050, on risque l’emballement au niveau du climat, selon les experts du GIEC. En Suisse, et particulièrement en Valais, nous avons la chance de pouvoir compter sur le soleil et la montagne, la dream team de la transition énergétique, puisque le soleil excédentaire de l’été peut être stocké dans les barrages pour l’hiver ». 

Deux horizons temps se présentent à nous : 2050, et… l’hiver prochain. « Avec la France, en souci avec ses centrales énergétiques et la guerre en Russie, le problème est conjoncturel l’hiver prochain et ne devrait pas durer ». Mais cette situation nous montrera que l’électricité n’est pas bon marché et pas infinie. Cette prise de conscience met en évidence l’importance d’investir dans l’hydroélectricité et le photovoltaïque. 


Prendre en compte le temps long, celui de la décarbonation
 « Il ne faut pas remettre à plat la stratégie énergétique 2050, car nous avons un problème pour l’hiver qui arrive. Le temps long, celui de la décarbonation, doit toujours être pris en compte : c’est là où l’on doit aller », précise François Fellay, directeur d’OIKEN

Si on veut davantage d’énergie électrique, on peut produire davantage, mais surtout consommer moins. « La sobriété est la clé. On peut réduire sans altérer la qualité de vie. Mais il faut changer les habitudes ». 
 

Propos recueillis le 25 août 2022 lors de la conférence d’ouverture de l’Event Smart Energy