Au printemps dernier, le groupe valaisan Audacia a tokénisé l’intégralité de son capital-actions en jetons numériques basés sur la technologie blockchain. Cette opération, menée avec l’entreprise Taurus, permet à tout un chacun d’investir dans cette entreprise, ouvrant ainsi la voie à une démocratisation du private equity. De manière générale, la tokénisation du capital des PME ou des start-up pourrait permettre de créer de nouveaux leviers de financement pour les entreprises, basés sur des marchés de capitaux digitalisés, plus fluides, moins chers et très sécurisés.

Sébastien Dessimoz, co-fondateur et Managing Partner de Taurus Group a traité, lors de la dernière InnoVibes, trois questions permettant de mieux comprendre la tokénisation :  de quoi s’agit-il ? Dans quelle mesure l’utiliser ? Et comment adopter la tokénisation comme option pour financer une entreprise ? Il était accompagné d’Alexandre Bonvin, directeur d’Audacia Group, qui a dévoilé les démarches effectuées lors de la tokénisation de son capital-actions, les raisons de ses choix ainsi que le résultat de sa collaboration avec Taurus Group.
 

Qu’est-ce que la tokénisation ? 
La tokénisation est l’action de digitaliser des actifs, des titres ou des valeurs mobilières en utilisant la technologie des registres distribués. Cette action de digitalisation mène à la création de tokens qui représente une action d’une société privée, par exemple. Le défi de la mise en place de la tokénisation a été de définir comment utiliser la technologie des registres distribués avec des instruments financiers beaucoup complexes tels que des actions, des obligations et d’autres types d’instruments financiers.
 

Pourquoi utiliser les tokens ?  
Les tokens permettent de se financer, en tant qu’entreprise, sur le marché des capitaux publics. La barrière d’entrée en termes de chiffre d’affaires minimum est beaucoup trop élevée pour permettre à des PME ou à des sociétés de petite taille d’accéder à ce type d’initiative. Aujourd’hui, la tokénisation permet de réinventer la manière dont le marché des capitaux privés fonctionne. « En Suisse, nous comptons un total de 550'000 sociétés dont 237'000 ont accès au marché des capitaux listés. Parmi elles, on estime que 5'000 sont des sociétés à forte croissance qui ont besoin d’accéder au marché des capitaux privés de manière simple, facile et efficace. Ces gens-là n’y ont pas accès aujourd’hui. » déclare Sébastien Dessimoz. La tokénisation permet aux entrepreneurs, qui ont besoin de financer des besoins de croissance élevés, de participer à cette aventure de manière simple, efficace et électronique.

 
Et concrètement, ça se passe comment ?
Pour Alexandre Bonvin, le processus fut extrêmement rapide. Après quelques échanges entre les avocats et Taurus, les actions ont été tokénisées puis admises au trading sur la plateforme TDX de Taurus. L’entreprise Taurus l’a accompagnée tout au long du processus, y compris pour l’élaboration du smart contrat permettant de modéliser une action en conformité avec le droit suisse.

Une des raisons qui a poussé Alexandre Bonvin à tokéniser le capital-actions de sa société est liée à la facilité de transfert à grande échelle et à la transparence des tokens. L’admission au négoce était importante pour Alexandre afin de de créer encore plus de liquidité à ses employés. « La tokénisation permet de lever de l’argent mais celle-ci permet également aux sociétés qui possèdent un bon nombre d’investisseurs d’avoir une gestion beaucoup plus aisée sur la blockchain. Grâce aux plateformes, comme TDX, la société possède une certaine valorisation. » précise Alexandre Bonvin. 

Retrouvez l’intégralité de cette conférence en replay en suivant ce lien.

Propos recueillis lors de l’InnoVibes du 17 juin 2021